19 déc. 2009

Déprimées… à cause des hommes ?

« Les femmes sont deux fois plus touchées par la dépression que les hommes. Pourquoi ? À cause des hommes, justement ! »


-Ted Waring, psychiatre


À présent, il n’y a pas que les facteurs biochimiques, génétiques ou hormonaux pour expliquer la dépression, il y a aussi le mâle. Mais est-ce vraiment la faute des messieurs ou est-ce que ce sont plutôt nos attentes face à eux qui sont irréalistes ?

- Nous sommes plus dépressives parce qu’on doit composer avec des hommes avec lesquels on n’a pas la relation dont on a rêvé...

Sabrine accompagne ces mots d’un roulement d’yeux et nous rions toutes les trois.

Doryane glisse son bras autour des épaules de Clara :
- Clara, tu veux dire qu’ils ne s’intéressent pas du tout dans l’intimité.
- Tout à fait. Pour eux, l’intimité, c’est du sexe ! Cautionne Sabrine.
- Pas que du sexe, se lamente Clara. L’intimité, pour les chéris, c’est surtout la madame qui s’occupe d’eux pendant qu’ils se dédient à ce qui les intéresse vraiment, c’est-à-dire la carrière, le hockey et la manette de télé.
- Aïe ! s’exclame Doryane. Il faut être niaise pour les voir comme des confidents potentiels ! Là, je comprends mieux pourquoi nous sommes déprimées par eux. On attend trop d’eux si on s’attend à ce qu’ils soient toutes oreilles pour nous. Il faut se rabattre sur nos semblables pour nous épancher. Moi, je le fais amplement avec vous trois !

Pendant que Sabrine place les assiettes dans le lave-vaisselle, j’attrape la bouteille de rouge et me sers un petit verre.

- Vous en voulez ?
- On trinque aux amitiés féminines, articule une Doryane un peu pompette.

Moi qui viens une fois de plus de me disputer avec mon chum pour une raison qui m’échappe encore, sinon que tout a commencé par une recommandation de ma part concernant la façon la plus efficace de nettoyer le BBQ, je lâche :
- Les hommes ne sont pas déprimants, mais les conflits avec eux le sont.

J’hésite, puis :
- Je me demande, par les temps qui courent, si ça ne serait pas plus facile d’être dans un couple de lesbiennes !

Doryane fronce les sourcils. Elle boit lentement une gorgée de vin et me murmure :

- Je suis partante !

Je hausse les épaules. Nous gloussons.

- Quitte Emeric et vivons ensemble ! Ajoute-t-elle avec une moue farceuse.

Des larmes me montent aux yeux, et j’ignore si c’est parce que tout simplement je ris trop ou si c’est à cause des questions que je me pose moi-même au sujet d’Emeric. Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, je semble l’exaspérer. Bref, ces temps-ci, entre nous deux, c’est loin d’être agréable ! Ces temps-ci, j’ai besoin d’entendre ces trois syllabes «Je t’aime» et il ne pense pas du tout à me le dire…

- Jany, c’est sûr qu’il t’aime et que tu l’aimes. Balance Sabrine en remplissant pour une énième fois mon verre.
- Ah oui ? Ce dont je suis sûre, c’est que lorsque nous sommes ensemble, je me sens… de trop.

Les yeux bruns de Sabrine se plissent ; elle me sourit.

- Est-ce que tu ne te sentirais juste pas trop nombreuse avec ta paire dans le bide ?

Adossée sur le mur, Clara me scrute avec la plus grande attention.

- La vie est effrayante, Jany. Si elle ne l’est pas, c’est qu’on est mort.

Ouch ! Ça c’est un vrai raisonnement de dépressive. Et une telle phrase, on ne peut pas la penser uniquement parce que son ménage a coulé…

- Je crois que je suis en train de prendre dix ans d’un coup cette année, soupire-t-elle.

Même si les problèmes de couple font partie du bon nombre de consultations chez le psychologue, la dépression a souvent plusieurs causes. On ne dévale pas dans la vallée des déprimés juste pour un seul bobo au coeur. Clara le sait très bien…

4 commentaires:

SaveNow a dit…

Bon je sais, je commencer par la fin, mais ça ne m'a pas empêché de comprendre... Enfin j'espère.

Je ne sais pas trop si c'est un roman que tu veux commencer ou si c'est une sorte de carnet de bord de ta vie donc je ne vais pas m'attarder sur ce point. Je vais plutôt m'intéresser sur celui de la grande question que tu pose dans cet article.

Je pense que personne, que ce soit du côté des femmes ou des hommes, ne recherchent vraiment le partenaire idéal. On a tous une idée de l'homme ou la femme qui nous rendrait plus heureu(se) qu'un autre mais on se dirige rarement vers ce type de personne. Pourquoi ? Car on ne veut pas s'enmerder !
Un point c'est tout ! On veut changer l'autre. Vivre une aventure ! On veut se dire que cette pâle mole et difforme qu'on appel pour l'instant "mon copain", va se transformer à mon contact et devenir tel qu'on le souhaite et qu'on l'a toujours rêvé afin de devenir "mon époux".

Je sais plus qui disais : "Les hommes ne sont pas parfait. Si on y ajoute une femme, on s'éloigne du sujet." N'y voyez pas une citation misogyne, juste que la symbiose homme/femme est chiante alors on cherchera toujours un petit conflit, des points où entrer en désaccord. Les hommes veulent des filles pas trop collantes, mais si elles ne le sont plus: C'est que celle ci les trompes se disent ils ! Ou qu'elles ne les aiment pas. Quand aux filles, elle ne recherche pas le gentil garçon qui va les rendre heureuses. Mais le méchant garçon qui entrera enfin sur la bonne voie juste pour leurs beaux yeux.

Je sais que cette vision est assez simple, mais est ce pour autant qu'elle est loin de la vérité ?

En tout cas, très bon article :) Me suis bien amusé en le commentant: c'est tout dire ! ;)

Anonyme a dit…

J'aime bien ce texte et je suis entièrement d'accord avec le fait que les femmes nous avons des attentes irréalistes par rapport à nos hommes. Je suis de ce cercle qui voudrait que son homme réponde à bien des besoins plutôt que de les combler moi-même. Je ne me donne pas autant de droit en couple aussi, je m'oublie. Je crois que nous avons notre part de responsabilité et qu'il faut changer de pensée.

Les amies sont en effet d'un réconfort sur lequel nous devons tabler. Les hommes servent à autre chose dans notre vie ;o) ..

Ana

suzy wong a dit…

Ceci est de la fiction, mais avec un peu de vrai. Disons que c'est inspiré par mon gang d'amies.

georges a dit…

Tous ces problèmes surviennent sans doute parce que l'on nous a formaté à n'aimer et à coucher qu'avec une seule personne. (Vous allez voir que je ne distingue pas entre femme et homme.) Le post suivant "Peut-on aimer deux hommes à la fois?" pose la vraie question.
Nos sentiments, nos désirs, nos plaisirs nous ne savons pas les offrir. Nous ne nous en servons que pour emprisonner l'être que l'on détient alors qu'ils seraient décuplés si on les partagait autour de soi. J'ai vécu une expérience de triolisme. Une vraie fusion, un vrai partage. Nous étions tous les trois au ciel. Jusqu'à ce que chez l'un se mette à grandir le désir de posséder seul l'un d'entre bous. Retour au schéma classique en quelque sorte, aux jalousies habituelles, à la furie de la possession.
La belle aventure était terminée. Pourtant, évacuer nos archaïsmes, ouvrir notre esprit et notre corps aux autres dans le cadre d'un choix volontaire bien sûr nous aiderait à vivre toutes les possibilités d'être qui sont en nous.